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Café-débat « Prévention du suicide au travail »

Retour sur le Café « Soins et Prévention » centré sur la prévention du suicide. Décrypter, partager, comprendre.

Jean-Louis TERRA est professeur de psychiatrie à l’université Lyon 1 et consultant au Centre de prévention du suicide de l’unité Psymobile de Lyon. Il est membre de l’Observatoire national du suicide. Il était l’invité du Café « Soins et Prévention » centré sur la prévention du suicide qui a eu lieu à Bordeaux le 22 octobre.

Quelques rappels théoriques

Les personnes en crise suicidaire ne veulent pas mourir mais la mort leur semble être la seule solution pour mettre fin à leur souffrance actuelle. C’est un appel au secours !

C’est un processus qui résulte de la présence de facteurs de risque et la défaillance de facteurs de protection :

 

L’urgence suicidaire peut être évaluée selon une échelle de 1 à 8 et classée selon trois niveaux :

  • léger s’il s’agit de flash, idéations ou pensées suicidaires, en l’absence de plan suicidaire (1,2,3)
  • modéré si un scénario existe mais que la planification est éloignée ou imprécise (4,5)
  • élevé (6,7,8) lorsque la personne a un plan suicidaire précis, que le moyen est létal et accessible et qu’une date est arrêtée dans les jours qui suivent.

Quelqu’un dans votre entourage professionnel est en souffrance au travail, est soumis à des difficultés, une pression intense et quotidienne, au point de songer parfois au suicide ?

Il est important de soulever ce tabou ! Dans tous les cas IL FAUT LUI  EN PARLER. Le meilleur moyen de prévention est de dialoguer avec la personne. Jean-Louis TERRA a montré qu’il est possible par un dialogue simple et humain d’aller à la rencontre des personnes en détresse psychique majeure. Voici quelques-uns de ses conseils :

Lever le rideau. Écouter et retenir en montrant du respect et de la profondeur. 

C’est important de venir en son nom propre, déconnecté des lignes hiérarchiques, et de se situer dans un mouvement « d’être humain à être humain » : « J’ai le sentiment de te perdre, j’ai réfléchi et j’ai décidé de venir te parler », « Je tiens à toi et je vois que tu n’es pas comme d’habitude. ». 

Ne pas essayer de tout comprendre.

« Pour aider quelqu’un, on n’a pas besoin de tout savoir ».  Par ailleurs, il est préconisé d’éviter de « donner des leçons ».

Mettre des mots sur des maux.

Il est essentiel de savoir si la personne en arrive à penser à mettre fin à ses jours. Pour évaluer l’urgence, le degré de progression du processus suicidaire, il est possible de questionner de la sorte : « Est-ce que tu souffres au point de vouloir te faire du mal ? ». Si la personne a pensé au suicide, c’est important de demander jusqu’où ses pensées sont allées : « Est-ce que tu as pensé à une manière dont tu pourrais le faire ? As-tu fixé une date ? »  Il ne faut pas craindre de poser ces questions à une personne qui a des idées noires, c’est bénéfique car c’est lui donner l’occasion de se libérer de sensations douloureuses. 

Si l’accès au moyen est facile et immédiat, il faut considérer la dangerosité comme extrême et agir en conséquence, ne pas laisser seule la personne. 

Explorer les pensées « Velcro ».

Ce sont les pensées qui retiennent et ont préservé jusqu’à présent la personne du geste ultime…

Trouvez très rapidement une aide professionnelle. 

L’idée quand on sait qu’une personne de son entourage prend cette décision, c’est de lui offrir une alternative, un autre choix. Il est nécessaire de l’orienter : « On va envisager quelque chose pour toi », « Qu’est-ce que ça pourrait donner si tu continues sur ce chemin ? Moi je te propose un autre chemin… ».

Toute crise suicidaire doit être prise au sérieux. Dans tous les cas, il est important de chercher de l’aide, de s’orienter vers un professionnel (médecin, psychiatre, psychologue) et ce, même si une amélioration est observée ultérieurement aux révélations. En effet, une amélioration paradoxale peut être observée dans la mesure où le terme des souffrances s’approche…

« Partager les inquiétudes et les responsabilités rend la prévention du suicide plus facile et beaucoup plus efficace ». 

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